Shiangang pas du tout forever... M'enfin un peu quand même.
Nimen hao!
Et nan, perdu, c'est pas Mathilde. C'est le taré hongkongais (et pour ceux qui savent pas qui est à Hong Kong, je me venge d'office de votre mépris, il va vous falloir scroller comme des malades jusqu'au bout de ce post ou vous farcir l'article entier pour mettre fin à l'insoutenable suspense. Ou laisser carrément tomber, c'est vous qui voyez. Remarquez, cet art de la digression inutile et lourde devrait pas mal aider...).
Bref, d'abord mes non-remerciements: à cause de vos post/photo/com', mention spéciale à Thomas et à l'inénarrable Clyde, j'ai perdu une vingtaine de minutes à errer sur ces pages et il va m'en falloir au moins autant pour cracher mon fiel sur les bridés (et pour celle-là, hommage au barbu sus-mentionné). Alors que je suis supposé apprendre par cœur un dialogue en mandarin tout simplement passionnant où je déclame avec passion que je suis du signe du cheval et que j'irai bien au Starbuck Café. Autant vous dire que je rejette entièrement la faute sur vous si je me plante à cet oral.
Bref, Hong Kong. HK pour les intimes. HKSAR pour les intimes maniaques. Impression générale: c'est... particulier. Différent. Souvent étrange. Déroutant. Et non, j'en rajoute pas du tout: alors que je me suis senti tout de suite à l'aise en Afrique, les mains dans les poches, vas-y Hamimu passe moi le riz, ici, je crois que même en y passant 10 ans de plus j'arriverai pas à m'habituer (et en fait, il est hors de question que je passe ici plus que le temps prévu). Les groupes sont assez hermétiques, et au passage la notion de groupe est capitale ici; et puis les usages sont vraiment différents. C'est idiot, mais je ne supporte plus par exemple d'être réveillé par mon colloc' s'arrachant la gorge pendant un quart d'heure pour cracher dans notre lavabo. Surtout qu'il vise mal. Et que je me lave les dents juste après. Ce genre de choses glamour, et je vous épargne le gore...
Oui parce que l'autre truc qui tape vite sur les nerfs, c'est la proximité. HK, ville la plus chère du monde parce qu'ultra-peuplée: l'Université nous loge comme elle peut. Soit un placard à balais pour vivre à deux. On partage la salle de bain avec une autre chambre. Mur en carton pâte. Et conception très hongkongaise du couvre-feu..
En effet, ceux qui voient mes post sur facebook auront constaté, si ils calculent le décalage horaire (donc ok, personne ne l'aura fait) que je poste tard. Enfin, tôt. Car le hongkongais est un animal diurne qui sort jusquà pas d'heure pour s'amuser, mais qui parvient aussi à s'éclater avec ses potes même dans le dortoir. Ce qui est très bien sauf quand il fait ça quasiment tout les soirs et jusqu'à 4h du mat'. Anniversaires où il est de bon ton de faire hurler le bizuté en lui éclatant les parties contre une chaise ou en le badigeonnant de miel intégralement (je n'invente rien), match de boxe dans la salle commune avec la table en guise d'estrade, opération drague à peine orchestrée et peu discrète quant on sait que les paliers sont unisexe, et une fois qu'on a compris que « Sexy Gaoooooooo ! » (phonétique) veut dire « Suce-moi » en cantonnais... Bref, je suis désormais incapable de me coucher avant 3h, et ça relève de l'exploit quand je suis sur pied avant 11h.
Sinon, les étudiants sont quand même sympa, ils ont juste des façons d'être différentes de chez nous (oui, c'est moi qui dit ça). A me relire je me rends compte que ça fait pas vraiment envie (et en même temps, ben, c'est pas fait pour, donc pourquoi je m'emm***?!), mais ils sont quand même chaleureux, essayent de nous intégrer, aiment discuter avec les étrangers (bon, le « sorry for my english, I'm french » aide quand même pas mal, c'est énorme le capital sympathie qu'on a) et surtout sont souriants. Sans rire, j'ai l'impression qu'ils savourent tous la vie (les privations qu'a subit l'île jusqu'il y a peu doit pas mal y contribuer), et partagent allègrement tout dans une saine camaraderie.
Question nourriture (on se refait pas), à part le fait qu'avec cette année, j'en ai soupé du riz pour les 300 ans à venir, HK est vraiment énorme. Là encore du fait des privations subies, les hongkongais semblent obsédés par la nourriture. Il y a de tout, partout, et ils mangent tous tout le temps. Et c'est de surcroit pas cher. Le seul inconvénient pour nous béotiens c'est qu'en plus de rien y connaître, on lit généralement assez mal le chinois ce qui fait que si on prend pas un local pour aller en ville, on se retrouve très vite à manger n'importe quoi. Et du n'importe quoi servi par une vielle engoncée dans cabane de tole branlante dans une ruelle sombre éclairée en plein jour à la lanterne, c'est pas toujours top pour la santé (j'ai une amie américaine qui a finit à l'hosto dans le genre, sauf que elle c'est le poulet de la cantine qui l'y a envoyée. HK style baby!).
En effet, question hygiène... Planquez vous! Dixit mon prof de Science Politique: « Hong Kong est le foyer de toutes les maladies du monde ». Climat chaud et humide, population entassée, logements insalubres, eau importée de Chine par cargo-citernes à prix d'or (pour faire plaisir aux autorité chinoises, vu qu'HK est auto-suffisante avec ses réservoirs naturels... Oui, ici, le gouvernement peut gaspiller sans compter!), population peu éduquée: on tombe malade comme un rien, alors que eux sont parfaitement habitués. Entre ça et l'Afrique, la mobilité aura été épique pour mon estomac.
Bon, je me rends compte qu'encore une fois, ça fait pas vraiment envie. Parlons du paysage! Là, c'est magnifique une fois sorti des villes (donc une fois qu'on escalade, en gros), comme vous pouvez l'apercevoir sur les photos (oui, il y a les même sur fb). Marie serait ravie de voir que, pour protéger les réserves naturelles d'eau sur les hauteurs, le gouvernement entretient de magnifiques parcs nationaux d'une taille impressionante où toute activité humaine hors randonnée est interdite. Pas de ski nautique sur les lacs, de baraque à frite dans la forêt et (détail insignifiant mais qui m'a interloqué) des aires de repos parfaitement propres et régulièrement nettoyées même lorsqu'elles sont au sommet d'une montagne accessible uniquement à pied après au minimum 2h d'ascension. Y'a des fonctionnaires qui doivent être sportifs!
Tant qu'on est sur l'aspect esthétique, la vue d'un temple perdu dans les brumes du soir montant, incrusté à la falaise verdoyante tel un rubis grenat ne peut que vous tirer une larme. Le coca qu'ils vous y serviront pour reprendre des forces après une aprem' de grimpette ne vous laissera pas insensible non plus. Les locaux ont un rapport complexe au patrimoine et à l'histoire, les ancêtres étant presque révérés (c'est toujours un bonheur de voir une rame entière bondir de son strapontin lorsqu'un petit vieux entre) mais, paradoxalement, tout ce qui rappelle le passé proche est assez délaissé, voire méprisé (là aussi, cf. l'histoire récente du caillou). Je tourne anti-capitaliste, mais c'est stupéfiant de voir à quel point l'artisanat, le vieux, l'antique ou le patrimoine ne fait pas recette: les hongkongais semblent dévorer le plastique, achetant toujours plus de vêtements ou d'accessoires qu'ils renouvellent sans cesse, à tel point que certaines rues empestent le caoutchouc. J'ai l'impression de contenpler l'accomplissement parfait de la société consumériste. Sham Shui Po est le quartier figure de proue de cette tendance, on peut y trouver toutes les contrefaçon bon marché possibles au coté des trucs les plus immondes mais fashion imaginable (à ce niveau là, c'est pas du style ou de la mode mais du pur effet troupeau).
Au passage, notez qu'en raison du besoin pathologique d'entrer dans un moule pour s'identifier à un groupe, il n'existe que deux variétés d'étudiants hongkongais qu'on différencie à leurs pelages: le « cool », qui ne porte que des tee-shirt bardés de logos américanisants délavés ou des maillots de basket; et le « hype », qui arbore une coiffure aussi improbable dans sa forme que sa couleur, un pantalon suffisamment serré pour rendre sa voix plus aiguë encore que ses compatriotes et un petit tee-shirt moulant noir ou rose. La femelle suit le même schéma, la « hype » se différenciant de son congénère par un pelage composé d'au moins 17 couleurs différentes, suffisamment flashy pour provoquer une crise d'épilepsie chez un aveugle, et cultivant tant son coté petite-fille-toute-mimi-mignonne, à la base dèjà hypertrophié chez les chinoises, qu'on à irrésistiblement envie en la voyant de la ramener à la crèche. Le cri (oui, on ne peut décemment parler de chant pour cette espèce) est invariablement à percer les tympans et, en cas de chanson, dissonant (je sais pas chanter, je me tais; ils savent chanter, ils couinent).
Voili voilou, je crois que c'est tout. C'est aussi bordélique que je m'y attendais, mais ça résume assez bien mon impression. Prochain épisode pour fin mai s'il n'y a pas d'activité brulante avant ça (enfin, plus brulante que le soleil dehors, ce qui me semble difficile), avec une semaine à Pékin en mode sdf en prévision.
Bisous à tous, savourez vos quelques mois de tziganite aiguë avant le retour aux affaires.
Edward